Vue panoramique de la baie de Terre-de-Haut aux Saintes avec ses eaux turquoise, barques colorées et collines verdoyantes.

Publié le 12 mai 2025

Chaque année, je ressens cet appel. Celui des Saintes. Pour beaucoup de voyageurs qui préparent leur séjour en Guadeloupe, cet archipel n’est qu’une ligne sur un programme, une excursion rapide d’une journée. Une grave erreur, si vous voulez mon avis. Réduire les Saintes à une simple visite éclair, c’est comme survoler un musée en ne regardant que les cadres des tableaux. Vous en captez la beauté lointaine, mais vous manquez l’essentiel : l’âme, les détails, l’émotion qui s’en dégage. Car les Saintes ne se visitent pas, elles se vivent. Elles demandent que l’on s’y attarde, que l’on ralentisse son rythme pour se caler sur celui des vagues qui lèchent le rivage et des barques de pêcheurs qui rentrent au port.

Ce petit bout de France dans les Caraïbes est un monde à part, un concentré de charme où le temps semble s’être arrêté. Loin de l’agitation des îles principales, on y découvre une douceur de vivre unique, une authenticité préservée et des paysages à couper le souffle. Au-delà de ses plages de carte postale, l’archipel possède une richesse culturelle et historique insoupçonnée, marquée par une identité forte de terre de marins. Il faut prendre le temps d’arpenter ses ruelles colorées, de s’imprégner des traditions locales, comme l’artisanat du salako, ou encore d’explorer ses fonds marins exceptionnels. Cet article n’est pas un simple guide, c’est une invitation à changer votre regard, à comprendre pourquoi un séjour de plusieurs jours aux Saintes transformera votre vision de la Guadeloupe.

Pour ceux qui préfèrent le format visuel, découvrez dans cette vidéo une présentation complète de tous les points abordés dans cet article, une véritable immersion au cœur de ce paradis caribéen.

Cet article est structuré pour vous guider pas à pas dans la découverte de ce joyau. Voici les points clés que nous allons explorer en détail pour vous convaincre de faire des Saintes le cœur de votre voyage :

Sommaire : explorer les trésors de l’archipel des Saintes

La baie de Terre-de-Haut : au cœur d’un panorama classé parmi les plus beaux du monde

Le premier choc visuel en arrivant aux Saintes, c’est elle : la baie de Terre-de-Haut. On a beau avoir vu des photos, rien ne prépare à la majesté de ce spectacle. Les nuances de bleu de l’eau, les maisons créoles aux toits rouges qui s’accrochent aux mornes verdoyants, et bien sûr, l’îlet du Pain de Sucre qui se dresse fièrement. Ce n’est pas un hasard si elle a rejoint le club très fermé des plus belles baies du monde. Ce paysage n’est pas juste un décor, c’est le cœur vibrant de l’île. C’est ici que la vie s’organise, entre le retour des pêcheurs et le ballet des voiliers venus chercher refuge dans ce havre de paix.

L’affirmation de sa beauté n’est pas qu’une impression subjective ; selon plusieurs classements, Terre-de-Haut est classée comme la troisième plus belle baie au monde, une reconnaissance qui souligne son caractère exceptionnel. Cette distinction attire des voyageurs du monde entier, venus admirer un cadre unique, préservé de la pollution et de l’urbanisation massive.

Barques colorées dans la baie de Terre-de-Haut avec maisons colorées en arrière-plan.

Comme on peut le voir, les barques traditionnelles, appelées saintoises, ajoutent une touche de couleur et d’authenticité irremplaçable. Grimper jusqu’au Fort Napoléon, qui surplombe la baie, offre une perspective encore plus saisissante. C’est de là-haut que l’on comprend l’harmonie parfaite entre la nature et la main de l’homme, une harmonie qui définit l’essence même des Saintes.

Passer du temps ici, c’est accepter de se laisser envoûter par une beauté simple et puissante, bien loin des clichés touristiques habituels. C’est le point de départ de toute immersion saintoise.

Terre-de-Bas : l’alternative secrète pour une immersion authentique

Quand on parle des Saintes, on pense presque instinctivement à Terre-de-Haut, son île la plus connue et la plus animée. Pourtant, l’archipel cache un autre trésor, plus discret et plus sauvage : Terre-de-Bas. C’est mon refuge, mon secret. Pour le voyageur qui cherche à sortir des sentiers battus, à fuir l’agitation même relative de sa voisine, Terre-de-Bas est une promesse d’authenticité brute. Moins facile d’accès, elle a su préserver une atmosphère paisible où la nature est reine.

Ici, pas de boutiques de souvenirs à chaque coin de rue, mais des ateliers d’artisans locaux, notamment ceux qui travaillent le bambou pour confectionner le fameux chapeau Salako. Les routes sont plus escarpées, les sentiers de randonnée plus secrets, et les plages souvent désertes. C’est une île qui se mérite, qui demande un effort pour révéler ses charmes. On y vient pour le calme, pour les balades à pied à travers une végétation luxuriante et pour la rencontre avec ses habitants, connus pour leur accueil chaleureux.

Terre-de-Bas : une expérience hors du temps

Terre-de-Bas, moins accessible et moins fréquentée, offre un décor sauvage avec ses criques, sentiers de randonnée et un village authentique riche en artisanat local, idéal pour les voyageurs recherchant le calme et la nature préservée. Se promener dans le village de Petite-Anse, c’est faire un bond dans le temps et découvrir une Guadeloupe d’antan, simple et profondément attachante.

L’île est aussi réputée pour sa poterie et son ancienne vinaigrerie. Explorer ses deux quartiers principaux, Grand-Anse et Petite-Anse, permet de découvrir deux facettes différentes de cette terre de caractère. La plage de Grande-Anse, avec son sable noir et ses vagues puissantes, contraste avec les petites criques protégées où l’on peut se baigner en toute quiétude. C’est le choix idéal pour une journée de déconnexion totale.

Consacrer une journée entière, voire une nuit, à Terre-de-Bas, c’est s’offrir une parenthèse hors du temps, une expérience de voyage rare et précieuse.

Comment explorer les Saintes : scooter, voiturette ou vélo, quel est le meilleur choix ?

Une fois le pied posé sur le débarcadère de Terre-de-Haut, une question pratique se pose immédiatement : comment se déplacer ? L’île est petite, mais ses routes sont escarpées et les distances peuvent vite devenir un défi sous le soleil des Caraïbes. Les voitures personnelles y sont quasiment absentes, ce qui contribue grandement au charme et à la quiétude des lieux. Le choix du mode de transport va donc conditionner votre expérience et votre capacité à explorer les moindres recoins de ce petit paradis.

Chaque option a ses avantages et ses inconvénients, et le choix dépendra de votre condition physique, de votre budget et du temps dont vous disposez. Le scooter est sans doute le moyen le plus populaire : il offre une liberté totale, permet de grimper les côtes sans effort et de se garer facilement. La voiturette électrique, sorte de voiture de golf, est une excellente alternative pour les familles ou les petits groupes, offrant confort et protection contre le soleil. Enfin, le vélo, classique ou électrique, séduira les plus sportifs et les amoureux de l’écotourisme.

Scooter, voiturette et vélo alignés sur une petite route bordée de végétation luxuriante aux Saintes.

Ce trio de véhicules est emblématique de l’île. Ne pas prendre le temps de choisir celui qui vous correspond, c’est risquer de passer à côté de criques secrètes ou de points de vue spectaculaires. La marche reste bien sûr une option viable pour explorer le bourg et ses alentours, mais pour atteindre des sites comme la plage de Pompierre ou le Fort Napoléon, un véhicule est quasi indispensable.

Quel transport pour quel voyageur ?

  • Marche : idéale pour les courts trajets et les séjours centraux.
  • Vélo : option écologique et sportive, adaptée à ceux en bonne forme physique.
  • Scooter : rapide et flexible, parfait pour couples et voyageurs autonomes.
  • Voiturette : confortable pour les familles et groupes, mais plus coûteuse.
  • Navettes maritimes : indispensables pour les liaisons inter-îles.

Anticiper la location de votre véhicule, surtout en haute saison, vous garantira une exploration sereine et sans contraintes de ce territoire unique.

Le tourment d’amour : plus qu’un gâteau, le goût de l’histoire saintoise

On ne peut pas parler des Saintes sans évoquer sa plus célèbre gourmandise : le tourment d’amour. Ce petit gâteau rond, à la fois moelleux et croustillant, est bien plus qu’une simple pâtisserie. C’est un morceau de l’âme saintoise, un concentré d’histoire et de tradition qui se transmet de génération en génération. La légende raconte que les femmes des marins-pêcheurs préparaient ces douceurs pour réconforter leurs époux à leur retour de longues et périlleuses journées en mer. Chaque bouchée est donc chargée d’une symbolique forte, celle de l’attente, de l’amour et de la joie des retrouvailles.

Sa recette, bien que variable d’une famille à l’autre, repose sur une base commune : une pâte brisée garnie d’une confiture de fruit local (coco, goyave ou banane) et recouverte d’une génoise légère. On le trouve partout sur l’île, vendu à la criée par des femmes en costume traditionnel. Goûter un tourment d’amour encore tiède en se promenant sur le port est une expérience sensorielle incontournable. C’est un goût qui s’ancre dans la mémoire et qui, pour moi, symbolise instantanément les Saintes.

Comme le souligne un expert culinaire, cette douceur est un véritable emblème culturel. Selon ses mots, « Le tourment d’amour incarne l’attente et la patience des épouses de marins, symbolisant un réconfort sucré après les longues journées en mer. »

La tradition est si ancrée qu’elle est célébrée chaque année lors de la fête patronale. Cet événement est un moment fort de la vie locale, comme en témoigne l’organisation d’un concours du meilleur Tourment d’Amour le 15 août, qui perpétue ce patrimoine culinaire unique. C’est une occasion de voir la fierté des Saintois pour leur culture.

Ne quittez donc pas l’archipel sans avoir succombé à ce délice, car c’est en savourant le tourment d’amour que l’on touche du doigt l’authenticité et la chaleur de ses habitants.

Quelles sont les plages incontournables des Saintes ? D’Anse Crawen au Pain de Sucre

Les Saintes regorgent de plages et de criques, chacune avec son propre caractère. Oubliez les longues étendues de sable bondées ; ici, le littoral est une succession de petites anses intimes, souvent nichées au creux des mornes. Partir à la découverte de ces trésors est l’une des activités phares de l’archipel. L’une des plus célèbres est sans conteste la plage du Pain de Sucre. Accessible après une courte marche, ce joyau est réputé pour son cadre spectaculaire et ses eaux calmes, idéales pour le snorkeling. Les fonds marins y sont riches en coraux et poissons tropicaux, offrant un spectacle aquatique inoubliable.

Pour ceux qui recherchent la tranquillité, Anse Crawen est une option fascinante. C’est l’une des rares plages de sable gris de l’archipel, témoignant de son origine volcanique. Souvent déserte, elle offre un cadre sauvage et préservé, avec une vue imprenable sur la mer des Caraïbes. C’est un lieu parfait pour se ressourcer, loin de toute agitation. La plage de Pompierre, quant à elle, est la plus familiale. Protégée par des îlets rocheux, ses eaux sont particulièrement calmes et peu profondes, et ses nombreux cocotiers offrent une ombre bienvenue.

D’autres plages méritent également le détour, comme l’Anse Figuier ou l’Anse Rodrigue. L’idéal est de louer un scooter et de partir à l’aventure, en suivant les petites routes qui serpentent à travers l’île. Chaque virage peut révéler une nouvelle crique secrète, une nouvelle invitation à la baignade. C’est cette diversité qui fait la richesse du littoral saintois. Il y a une plage pour chaque envie : la farniente, l’exploration sous-marine, la solitude ou la convivialité.

Prendre le temps de toutes les découvrir, c’est s’assurer de ne rien manquer de la beauté naturelle et de la variété des paysages de l’archipel.

La bataille des Saintes de 1782 : comment un affrontement naval a forgé l’identité de l’archipel

Pour vraiment comprendre les Saintes, il faut plonger dans son histoire, et plus particulièrement dans l’événement qui a marqué à jamais son destin : la bataille des Saintes. Nous sommes en 1782, en pleine guerre d’indépendance des États-Unis. La France et la Grande-Bretagne se livrent une lutte acharnée pour le contrôle des Antilles, alors au cœur des enjeux économiques mondiaux. C’est dans le canal qui sépare les Saintes de la Dominique que va se jouer l’une des plus grandes batailles navales du 18ème siècle.

Pendant plusieurs jours, la flotte française commandée par l’Amiral de Grasse affronte la flotte britannique de l’Amiral Rodney. L’enjeu est immense : la conquête de la Jamaïque. Malgré une résistance héroïque, la bataille tourne au désastre pour les Français. La défaite est cuisante et met un frein aux ambitions françaises dans la région. Aujourd’hui encore, les vestiges de cette histoire sont palpables. Le Fort Napoléon, qui offre une vue stratégique sur le canal, abrite un musée qui retrace en détail cet épisode historique.

Les conséquences de cet affrontement furent déterminantes. Selon les archives, la bataille navale d’avril 1782 fut un tournant décisif, impliquant des dizaines de navires et causant des milliers de pertes côté français. Cette défaite a non seulement consolidé la domination britannique dans la région à l’époque, mais a aussi profondément ancré l’archipel dans l’histoire maritime de la France.

Cette histoire a forgé le caractère des Saintois, un peuple de marins résilients, fiers de leur héritage. Les noms des rues, les conversations des anciens, tout ici rappelle ce passé mouvementé. Comprendre cette bataille, ce n’est pas seulement s’intéresser à l’histoire militaire, c’est saisir les racines d’une culture insulaire unique, une culture de la mer, de la résistance et de la fierté.

Visiter les Saintes sans connaître ce pan de son histoire, c’est passer à côté d’une dimension essentielle de son identité complexe et fascinante.

Comment se rendre aux Saintes : guide comparatif des ports de départ en Guadeloupe

Organiser son escapade aux Saintes commence par une étape logistique cruciale : le choix du port de départ et de la compagnie maritime. Plusieurs options s’offrent à vous depuis la Guadeloupe « continentale », et votre décision influencera la durée, le coût et le confort de votre traversée. Il est donc essentiel de bien se renseigner pour choisir le trajet le plus adapté à votre itinéraire et à vos attentes. Le point de départ le plus fréquent et le plus rapide est sans conteste Trois-Rivières, situé sur la côte sud de la Basse-Terre. De là, la traversée ne dure qu’une vingtaine de minutes, ce qui en fait l’option privilégiée pour ceux qui veulent optimiser leur temps.

Une autre alternative populaire est le départ depuis Pointe-à-Pitre. La traversée est plus longue, environ 45 minutes, mais elle peut s’avérer plus pratique si vous logez dans la région de la Grande-Terre. Enfin, pour les voyageurs séjournant du côté de Saint-François, des navettes partent également de la marina, offrant une traversée d’un peu moins d’une heure. Chaque port est desservi par différentes compagnies, qui proposent des horaires et des services variés. Il est donc recommandé de comparer les offres et de réserver vos billets à l’avance, surtout durant la haute saison touristique où les bateaux peuvent être complets.

Pour vous aider à visualiser les différentes possibilités, ce tableau résume les informations essentielles. Il met en lumière les spécificités de chaque trajet pour vous permettre de faire un choix éclairé en fonction de votre point de séjour en Guadeloupe.

Comparaison des navettes maritimes vers Les Saintes
Port de départ Durée approximative Compagnie Caractéristiques
Trois-Rivières 20 minutes Compagnie CTM Confort, cabines climatisées, jusqu’à 2 voyages par jour en haute saison
Pointe-à-Pitre 45 minutes L’Express des Îles Bateau confortable et économique, pont supérieur ouvert
Saint-François 50 minutes L’Iguana Beach Navette tout confort, solarium, équipage bilingue

Une bonne planification de la traversée est le gage d’une arrivée en toute sérénité, prêt à profiter dès les premiers instants de la magie de l’archipel.

Au-delà des plages : comprendre l’âme marine des Saintes

Au terme de ce voyage à travers les trésors des Saintes, une évidence s’impose : cet archipel est bien plus qu’une simple collection de plages paradisiaques. C’est une terre de caractère, une communauté façonnée par les vents et les flots. La mer n’est pas seulement un décor, elle est le fondement de l’identité saintoise. Chaque aspect de la vie locale, de la baie majestueuse à la gastronomie réconfortante du tourment d’amour, en passant par le souvenir vibrant de la grande bataille navale, tout ramène à cet héritage maritime. C’est une culture de la pêche, de la navigation et du respect des éléments.

Comprendre cette âme marine, c’est ce qui distingue le simple touriste du voyageur éclairé. C’est prendre le temps d’observer le retour des saintoises au port, d’échanger avec un pêcheur qui répare ses filets, ou simplement de s’asseoir sur un banc face à la mer et de contempler l’horizon. C’est réaliser que la véritable richesse des Saintes ne réside pas seulement dans ses paysages, mais dans ses habitants et leur relation intime avec l’océan. C’est cette dimension humaine et authentique qui laisse une empreinte durable bien après le départ.

C’est pourquoi une excursion d’une journée ne suffit pas. Elle permet d’effleurer la surface, de prendre quelques belles photos, mais elle ne laisse pas le temps à l’imprégnation. Pour ressentir le pouls des Saintes, il faut y dormir, se réveiller avec le soleil qui se lève sur la baie, et vivre au moins un cycle complet de la vie insulaire. C’est le seul moyen de repartir avec le sentiment d’avoir vraiment rencontré l’archipel.

Pour aller plus loin dans votre découverte, il est crucial de comprendre l'âme marine des Saintes qui unit tous les aspects de la vie locale.

Planifiez dès maintenant un séjour de plusieurs jours pour vivre une expérience authentique et inoubliable au cœur de ce joyau des Caraïbes.

Rédigé par Célia Baptiste, Célia Baptiste est une guide-conférencière et anthropologue culinaire guadeloupéenne, qui se consacre depuis 20 ans à la transmission du patrimoine immatériel de son archipel. Elle est une référence reconnue pour son travail sur les traditions orales et les savoir-faire locaux..